La forme du Taï chi double éventails favorise, grâce à la tenue d’un éventail dans chaque main, la coordination droite/gauche ainsi que la fluidité des gestes. L’équilibre et la circulation de l’énergie dans l’ensemble du corps sont également sollicités par l’enchaînement des différents mouvements.
Sous la dynastie des Mandchous, (Qing 1644-1911) le port des armes en Chine fut prohibé, c’est alors sans doute que L’ÉVENTAIL, d’objet usuel, est passé au rang d’arme cachée, surtout pour continuer à s’entrainer et développer sa dextérité, assouplir et délier doigts et poignets.
La légende dit que dans les cavités en bambou étaient cachées des lames que l’on actionnait dans le mouvement de l’ouverture de l’éventail. Cela confère à cette pratique une dimension de nature à stimuler notre imaginaire.
L’Art de l’éventail peut se pratiquer avec la main ouverte, paume Yin ou avec index et majeur étirés Yang comme l’Épée. L’éventail est d’ailleurs relié à l’élément Air comme cette dernière.

Pour le différencier de l’élément de l’épée on peut également le relier au vent. Concrètement sa première fonction est liée à cet élément et désormais, par l’utilisation dans la pratique martiale, il est censé nous rendre léger et pénétrant comme le vent lui-même!
Il est aussi Yang dans son utilisation fermée et Yin dans son utilisation ouverte. Les deux extrémités de l’éventail sont utilisées pour piquer. L’éventail fermé permet également de faire différents blocages et de dévier un coup de poing ou de pied par exemple, donc de l’utiliser comme un bâton court. On l’utilise pour des frappes, particulièrement lorsqu’on vient fermer son éventail, ce qui lui confère une force reliée à la Terre.
L’éventail en s’ouvrant émet un claquement et peut donc être un facteur de surprise pour dérouter et déconcerter le partenaire. Il permet différentes façons de trancher et donc avec l’idée essentiellement de libérer et d’agrandir l’espace autour de soi en imaginant la soie qui tranche. On l’utilise aussi en griffe, piques, feintes et blocage.
L’éventail est relié au « Dantien », notre centre énergétique, par un fil imaginaire qui s’étire et se rétracte avec élasticité, douceur et tonicité. Notre énergie n’est donc surtout pas musculaire. L’intention ou le YI prend naissance dans la verticalité de notre corps et se développe dans un mouvement significatif ou habité, animé. La force se développe dans les racines, grandit dans les jambes, circule dans la taille et le bassin et se libère dans l’ouverture de l’éventail. Ainsi, Yin et Yang se complètent et s’enrichissent ! La main gauche n’est jamais vide ou immobile. Quand elle est ouverte, nous travaillons davantage dans une ouverture/ relâchement des méridiens Yin du corps. Les doigts ne sont pas serrés à l’identique de la posture de l’arbre.
La main gauche accompagne et renforce l’action réalisée par la main droite. Le regard accompagne le geste et c’est l’intention, le YI qui vient ici dynamiser notre mouvement, lui donner davantage d’expression concrète, d’où la nécessité de comprendre de façon globale le geste dans son application.
L’éventail bouge, il vit dans la main. Il masse et stimule les points d’acupuncture. La main Yang qui tient l’éventail est à la fois ferme et souple pour laisser à l’outil toute latitude pour s’exprimer dans les frappes, ouverture, fermetures, les parades, les claqués…
La pratique de L’ÉVENTAIL réunit l’ancrage, la forme et la souplesse du tigre qui bondit, s’élance et se déploie dans les huit directions et la légèreté de l’oiseau qui virevolte, prend appui sur les six forces et se propulse dans l’air pour libérer des mouvements fluides, spiralés et précis.